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Nickel néo-calédonien : l’arrêt de KNS, un désastre annoncé pour la province Nord

La direction de Koniambo Nickel SAS a annoncé, vendredi 26 juillet, le licenciement de ses 1 200 salariés. L’entreprise, qui a permis le développement du nord de l’archipel, en grande difficulté, n’a pas trouvé de repreneur pour le moment. Un coup dur, alors que le territoire fait face à une crise sans précédent.
Les six mois de délai donnés par Glencore, son principal actionnaire, n’y auront pas suffi. L’usine métallurgique, en sommeil depuis le mois de février, fermera ses portes le 31 août. Et les employés vont rejoindre les quelque 600 sous-traitants déjà au chômage. Une catastrophe pour la Nouvelle-Calédonie, où les violences, qui ont débuté, à la mi-mai, sur fond de contestation d’une réforme du corps électoral, ont déjà détruit plus de 700 entreprises et mis un salarié sur quatre au chômage ou au chômage partiel, pour un coût estimé au bas mot à 2,2 milliards d’euros.
Les difficultés de KNS, aussi appelée usine du Nord, ne datent pas d’hier. L’entreprise, qui n’a jamais été rentable, affiche un passif colossal de 13,5 milliards d’euros. Une dette entièrement supportée par Glencore, qui a décidé, en février, de jeter l’éponge. Actionnaire à hauteur de 49 % de KNS, le groupe anglo-suisse en assumait en effet l’ensemble des pertes, au terme du pacte d’actionnaires qui le lie à la Société minière du Sud Pacifique, qui représente les intérêts de la province Nord.
Car KNS est avant tout un projet politique, envisagé dès 1966 par le général de Gaulle pour développer une province Nord restée en marge de l’essor économique du territoire, malgré des gisements de minerai de haute valeur : le massif de Tiébaghi, l’un des berceaux de la mine en Nouvelle-Calédonie, et Koniambo, qui n’était alors plus exploitée, mais qui recèle 25 % des réserves de nickel du territoire. L’accord de Bercy, en 1997, entérine le projet d’usine du Nord, dont la construction commence en 2010.
Et, sur le plan du rééquilibrage avec la province Sud, KNS a été une réussite. L’agglomération de Voh-Koné-Pouembout, sur laquelle l’usine est implantée, compte aujourd’hui plus de 4 000 entreprises contre 2 500 en 2005. Les retombées économiques sont énormes : 5 milliards d’euros depuis 2005.
Signe de l’attractivité de la zone, la population des trois communes est passée de 9 685 habitants en 2009 à 13 752 au recensement de 2019, alors que, dans le même temps, la Nouvelle-Calédonie perdait des habitants. Un développement qui pourrait être stoppé net sans le moteur KNS.
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